La statue de Jeanne d’Arc qui s’élève à côté de l’église est source de bien de suppositions et récits plus ou moins fantaisistes.
Quelle énergie inutile ! L’histoire en elle-même, est plutôt originale. A cet emplacement et jusqu’en 1840, se trouvait la dernière demeure des défunts du village : le cimetière. Celui-ci va être transféré en dehors du village pour respecter les nouvelles lois sanitaires. Suite à ce déménagement, le terrain va rapidement se délabrer et devenir un terrain vague, envahi de détritus de toutes sortes. L’abbé Brung va s’en émouvoir et écrire en 1895 au maire de la commune pour que lui soit confié l’entretien de cet endroit. Il souhaite l’assainir et l’aménager avec des massifs de fleurs et d’arbustes au milieu desquels il propose d’ériger, dès qu’il aura trouvé les fonds nécessaires, la statue patriotique de Jeanne d’Arc. Etonnant ! Pourquoi Jeanne D’Arc ? Et bien notre dynamique ecclésiastique a un argument imparable, et dans sa missive au Conseil Communal on peut lire :
« Considérant l’embellissement qui résulterait de ce projet pour une partie du bourg et sans frais pour la commune, la beauté des lieux serait ainsi transformée à la place du dépôt de matériaux et d’immondices de toutes sortes qui se sont déposés sur ce terrain. Considérant que les écoles qui l’avoisinent ne peuvent qui gagner du point de vue de l’hygiène et au point de vue patriotique qui sera constamment en éveil chez les écoliers des deux sexes par la vue continuelle de la statue d’une des gloires les plus pures de notre histoire nationale ».
Et voilà ! Le conseil municipal aurait bien eu peine à s’y opposer ! il va donc répondre positivement et rapidement à la demande de l’abbé.
Le 13 septembre 1896, lors du pèlerinage annuel, la statue est inaugurée, devant quatre mille pèlerins et présage de prospérité divine sans doute, sous une pluie battante !
Le moulage de cette œuvre, est unique. Elle est l’œuvre de l’atelier Pieraccini, spécialisé en fabrication de statues religieuses. Jeanne d’Arc est en armure tenant son épée de la main droite et son étendard de la main gauche, ce qui n’est pas conventionnel.
A l’époque, l’école publique et l’école libre se livrent bataille, l’abbé Brung a bien manœuvré ! Il a réussi à imposer la statue de Jeanne d’Arc, symbole du catholicisme juste devant l’entrée de l’école publique et de plus juste dans l’alignement de la nouvelle avenue de la gare, avenue qui devait dans un premier projet déboucher face à l’entrée principale de l’église.
textes et photos : Michel Brouard
